Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Benoît LEGRU

ORBITOGRAPHIE  DU  SATELLITE  MICROSCOPE

 

Société d’accueil :                       UMR GEMINI, Observatoire de la Côte d’Azur
PFE présenté par :                      Benoît LEGRU
Directeur (directrice) du PFE :  Philippe BERIO 
Correcteurs :                               Gilbert FERHATet Pascal BONNEFOND

Introduction
La  mission  spatiale  MicroSCOPE  développée  par  le  CNES,  l’ONERA,  l’Observatoire  de  la  Côte d’Azur et l’ESA a pour objectif le test du principe d’équivalence avec une précision de 10-15, soit  plus de 1000 fois mieux que les expériences au sol. Le principe d’équivalence stipule l’identité entre la  masse  grave  qui  intervient  dans  la  force  de  gravité  (loi  de  la  gravitation)  et  la  masse  inerte  qui  quantifie la résistance d’un corps à une modification de son mouvement (2e loi de Newton). Il a pour  conséquence directe l’identité de la chute libre de tous les corps soumis au même champ de gravité,  quelques soient leurs masses et leurs compositions chimiques.
Une  des  spécifications  de  la  mission  est  de  connaître  la  position  du  satellite  avec  une  précision  de  quelques  mètres.  Cette  spécificité  vient  du  fait  qu’il  est  nécessaire  de  connaître  le  gradient  de  gravité  au  niveau  des  instruments  de  mesure  afin  de  pouvoir  traiter  correctement  les  mesures. Le satellite MicroSCOPE fait partie de la famille des micro-satellites du CNES qui prévoit  comme moyen standard de positionnement les mesures Doppler. Dans l’état actuel, la précision de  positionnement  à  quelques  mètres  semble  difficilement  accessible  par  ce  type  de  mesure.  Pour  atteindre cette précision, le projet envisage d’équiper le satellite de rétroréflecteurs. Ces équipements  optiques  permettront  d’avoir  accès  à  des  mesures  de  télémétrie  laser.  L’objectif  de  mon  stage  est  d’analyser  les  performances  de  positionnement  du  satellite  (orbitographie)  à  partir  de  mesures  de  télémétrie  LASER.  Ce  travail  permet  aussi  d’analyser  les  performances  d’estimation  des  biais  de  poussée du système de compensation de traînée.

1.  Concept de l’orbitographie

L’orbitographie  consiste  à  calculer  le  mouvement  des  corps  célestes,  en  particulier  celui  des  satellites. Le calcul repose sur les lois de la physique et de la mécanique céleste et s’appuie sur des  observations (télémétrie LASER, GPS, DORIS...).
Deux situations peuvent se présenter : soit on  ne dispose que des conditions initiales et on ne 
peut que propager l’orbite à l’aide d’un modèle dynamique, il s’agit de l’extrapolation d’orbite ; soit on  dispose  en  plus  d’observations  et  on  va  ajuster  les  conditions  initiales  et  éventuellement  d’autres  paramètres  pour  que  l’orbite  s’accorde  au  mieux  avec  ces  observations,  il  s’agit  de  la  restitution  d’orbite.
•    Extrapolation
L’extrapolation est le calcul du mouvement d’un corps céleste en fonction du temps à partir :  – des conditions initiales connues à une date t0  – de l’ensemble des forces influant sur le mouvement  On intègre ensuite un système différentiel à partir des équations de la dynamique.


Figure 1 : Représentation  du calcul de la restitution par la méthode des moindres carrés.

Restitution
En restitution, on possède des observations de l’orbite du satellite. Après avoir effectué une première  extrapolation à partir des données initiales, on rétablit cette orbite sur les observations en ajustant ces  données par la méthode des moindres carrés.

2.  Programmation du calcul d’orbite

Pour effectuer les calculs d’orbite du satellite, j’ai utilisé le logiciel GINS. Il a été développé par le  CNES. Il utilise des fichiers directeurs pour calculer selon des instructions précises.
GINS  est  un  programme  qui  effectue  des  intégrations  numériques  par  itérations.  Il  peut  soit  simplement extrapoler une orbite à partir de conditions initiales soit la restituer en s’ajustant au mieux  à des observations. Il est écrit en Fortran90.


Figure 2 : Schéma synoptique du fonctionnement du logiciel GINS

MicroSCOPE fait partie de la famille de micro-satellites Myriade. Il est l’un des premiers satellites dans  sa catégorie donc aucun logiciel ne peut le prendre en compte. J’ai donc complété le logiciel GINS  pour pouvoir simuler puis restituer des mesures LASER sur MicroSCOPE. En premier lieu, j’ai donc  implanté les caractéristiques communes à tous les satellites dans plusieurs modules :
–  Le  premier  module  définit  l’aspect  physique  du  satellite  :  il  contient  le  nombre  de  faces,  leurs  dimensions, l’influence de la radiation et de la température.  – Le deuxième module contient ce que l’on appelle la loi d’attitude du satellite. Il s’agit en fait de la  variation au cours du temps de la matrice de rotation entre le repère local du satellite (ici XYZ) et le  repère céleste de référence (ici J2000).
– Le dernier module concerne la correction de centre de masse. En effet, les mesures représentent la  distance entre la station LASER et le satellite, ou plutôt le réflecteur qui renvoie le rayon. Il est donc  nécessaire de connaître la position des rétro-réflecteurs par rapport au centre de masse du satellite.  Lors du processus de restitution d’orbite, une correction (appelée correction de centre de masse) est  appliquée  aux  mesures.  Pour  la  simulation  des  mesures  dans  le  cas  de  MicroSCOPE  il  faut  tenir  compte  du  fait  que  le  satellite  sera  équipé  d’un  rétro-réflecteur  par  face.  Mes  développements  prennent en compte le fait que les réflecteurs ont un angle de réponse limitée donc, par moment, il se  peut qu’ils ne puissent restituer de réponse, l’onde arrivant hors de leurs limites.
Enfin, j’ai codé les caractéristiques spécifiques à la mission.

3.  Simulation et calcul des données
Après avoir programmé, il faut effectuer des tests sur des paramètres précis. On veut surtout  obtenir une orbite stable et des ajustements des conditions initiales les plus précis possibles. Comme  le satellite n’est pas encore lancé, nous devons créer des mesures de telle sorte que GINS puisse  effectuer une restitution d’orbite. Ainsi, ce sera comme si le satellite est déjà sur orbite et on effectue  des  mesures  de  télémétrie  LASER.  Pour  cela,  on  effectue  une  extrapolation  avec  GINS  où  l’on  récupère des mesures parfaites. Ensuite, on prépare une restitution avec les conditions identiques à  celles de l’extrapolation. Cette restitution sera modifiée par la suite en fonction des tests planifiés.

Figure 3 : Schéma de création d’orbite pour le logiciel GINS lors de la phase test

Avec cette orbite obtenue et l’orbite créée par l’extrapolation, on effectue une différence pour  voir l’influence du paramètre modifié et ainsi connaître la précision de l’orbite.

Conclusion
L’objectif de cette étude était d’étudier l’apport de la télémétrie LASER sur l’orbitographie du  satellite MicroSCOPE. Ainsi, on peut effectuer des tests réalistes sur des paramètres du satellite et de  son  environnement  pour  connaître  la  précision  du  positionnement  du  satellite.  On  pourra  donc  comparer avec les critères de la mission spatiale.
Cette étude sera utilisée lors des prochaines revues de la mission MicroSCOPE pour prendre  une décision en ce qui concerne l’installation des réflecteurs LASER sur le satellite. Pour le moment, il  est envisagé d’utiliser des mesures Doppler descendants, même si le projet n’est pas encore certain  que ces mesures Doppler permettront d’atteindre les spécifications du positionnement.

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