Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Patrick Boué

ETUDE DES SERVICES  WEB GEOGRAPHIQUES ,  A LA  CUS,  AU SEIN DU SERVICE  SYSTEMES
D ’INFORMATION ,  TELECOMMUNICATION ET RESEAUX ,   SECTEUR  INFORMATION  
GEOGRAPHIQUE ET DEVELOPPEMENTS ,  AVEC MISE EN PLACE D UNE PLATE - FORME  MAP S ERVER ,  ET COMPARAISON AVEC DES SOLUTIONS DU MARCHE -    

Société d’accueil : Communauté Urbaine de Strasbourg
PFE présenté par : Patrick Boué
Directeur (directrice) du PFE : Michel Rosio 
Correcteurs : Mathieu Koehl et Michel Rosio

 

1. Contexte de l’étude

L’étude  réalisée  au  cours  de  ce  Projet  de  Fin  d’études  (PFE)  a  été  provoquée  par  le  renouvellement  du  Système  d’Information  Géographique  (SIG)  de  la  Communauté  Urbaine  de  Strasbourg (CUS).
La CUS a décidé de renouveler son SIG car celui-ci repose sur le référentiel GéoCity qui n’est plus  mis à jour par son éditeur, Star-Apic, depuis 2001.
Avec  le  renouvellement  de  son  SIG,  la  CUS  souhaite  aussi  remplacer  son  application  Web  de  consultation de l’information géographique, GéoConsult, qui présente certaines lourdeurs au niveau  de  son  administration  et    pour  bénéficier  de  nouvelles  fonctionnalités  (d'annotations,  d'analyses  thématiques, etc...) .
Pour  renouveler  son  SIG,  la  CUS  a  lancé  un  dialogue  compétitif  avec  plusieurs  éditeurs  et  intégrateurs de solutions SIG. 
Elle a aussi séparé le marché en 5 lots, de manière à ce que le plus grand nombre de candidat puisse  y répondre, chaque candidat pouvant répondre à un ou plusieurs des lots suivants :

  1. Production géographique,
  2. Géoportail,
  3. Edition cartographique,
  4. Outil nomade et mobilité,
  5. Assistance à la mise en œuvre.

Le lot qui intéresse l’étude menée au cours du PFE est le lot du Géoportail, qui est lui-même séparé  en 4 parties :

  1. services Web Géographiques, 
  2. serveur de métadonnées,
  3. application Web d’exploitation des données géographiques,
  4. traducteur universel.

Le  lot  Géoportail  comprend  donc  une  partie  sur  les  services  Web  géographiques  (SWG)  qui  constituent l’objet principal du PFE.

Tous  ces  lots  ont  été  décrits  dans  un  Plan  Fonctionnel  Détaillé  (PFD)  qui  a  lancé  le  dialogue  compétitif, dialogue qui sert dans un premier temps à montrer ce que les candidats sont capables de  réaliser, et dans un second temps, à la rédaction du cahier des charges définitif.
La présence des services Web géographiques dans le lot Géoportail au cours du dialogue compétitif, 
alors  qu’il  s’agit  d’une  technologie  récente  et  jusque  là  non  utilisée  par  la  CUS,  s’explique  par  les  nombreuses possibilités qu’ils semblent pouvoir offrir. 

2. Présentation et intérêts des services Web géographiques 

Les  services  Web  géographiques  (SWG)  sont  issus  des  spécifications  émises  par  l’Open  Geospatial Consortium (OGC) qui est un consortium international industriel composé de plus de 270  entreprises, administrations et hautes écoles.
L’OGC travaille en relation avec l’International Organisation for Standardisation (ISO) pour définir des  standards qui facilitent l’accès, l’échange et la visualisation de l’information géographique, en émettant  des spécifications à l’intention des éditeurs de logiciels. 
Les SWG sont, d’un point de vue technique, une technologie permettant à des applications prenant en  compte l’information géographique de dialoguer à distance à travers Internet et ceci indépendamment  des plates-formes et des langages sur lesquels ils reposent.
En  plus  de  permettre  un  dialogue  entre  applications,  les  SWG  permettent  aussi  une  utilisation  de  l’information géographique de manière beaucoup plus souple que ce qui se fait avec un logiciel SIG  classique. Grâce aux SWG, l’utilisateur pourra chercher des informations sur le Web et composer une  carte en fonction de ce qui l’intéresse, alors qu’auparavant il ne pouvait visualiser que des cartes où  tout était prédéfini.
En outre, un autre intérêt des SWG est la possibilité de visualiser des cartes avec des applications 
html sur un navigateur Web tel que Internet Explorer ou FireFox au lieu d’utiliser un logiciel installé sur  l’ordinateur. L'ensemble des fonctionnalités est concentré sur des serveurs qui renvoient les réponses  aux requêtes faites par tout type de clients léger ou lourd. A ce stade ces serveurs peuvent être même  sollicités  par  d'autres  applications  informatiques  ou  d'autres  serveurs  sans  manipulation  d'une  personne physique derrière un écran. Ceci présente l’intérêt d’automatiser les échanges, notamment  dans  le  cadre  de  mises  à  jour,  donc  entraîne  un  gain  de  temps  et  permet  d’éviter  des  erreurs  de  manipulation.
Les différents SWG étudiés au cours du PFE sont les suivants :

  1. Web Map Services ou WMS : permettent l’obtention de cartes prêtes à l’emploi via Internet
  2. Web  Features  Services  ou  WFS :  permettent  l’accès  à  des  données  intelligentes  (géométrie  et  attributs)
  3. Web Coverage Services ou WCS : permettent l’accès à des grilles (matrice de données) et à des  images géoréférencées
  4. Web Coordinates Transformation Services  ou WCTS : qui sont des serveurs spécialisés pour la  transformation d’un système de coordonnées à un autre
  5. Web Catalog Services ou CSW : permettent à un utilisateur de trouver les services et les données  qui lui sont utiles via des critères de recherche textuels et spatiaux.

Certains de ces services peuvent être utilisés en cascade, c’est à dire, si l’on prend le cas d’un service  WMS, que celui-ci pourra fournir des cartes qu’il aura préalablement obtenu d’un autre WMS, il sera  donc à la fois client et serveur.
Autour de ces SWG tournent d’autres spécifications dont les principales sont :

  1. Styled Layer Descriptor ou SLD : décrit la représentation à adopter lors de l’affichage d’une carte 
  2. Filter Encoding ou FE : applique un filtre sur les données à obtenir à partir d’un WFS
  3. Geography  Markup  Language  ou  GML :  langage  développé  par  l’OGC  pour  la  modélisation,  l’échange et la sauvegarde des données, utilisé pour l’envoie des données d’un WFS

3. Etude des services Web géographiques avec des solutions libres

Cette  étude  a  pour  but  de  compléter  les  notions  théoriques  exposées  dans  le  chapitre  précédent, dans l’optique de posséder suffisamment de connaissances pour comparer les solutions  des différents candidats pour le lot du Géoportail du renouvellement du SIG de la CUS, ainsi que pour  déterminer le niveau de maturité de chaque service.
Elle a consisté, dans un premier temps, à mettre en place une plate forme MapServer, un logiciel libre,  et à fournir différents services, tels que les WMS , WFS et WCS, et à constater le degré de difficulté  de mise en œuvre de ces services ainsi que les problèmes qui peuvent être rencontrés.
Parallèlement  à  ceci,  une  application  MapServer  programmée  en  html  et  php,  et  permettant  la  visualisation  d’informations  géographiques,  a  été  créée,  celle-ci  comprenant  en  plus  d’outils  de  navigation et de zoom, des outils d’interrogation et de localisation. 
Dans un second temps, la plate forme a été élargie à un autre serveur, GeoServer,  et à des clients  libres ou bien disponibles à la CUS. Une fois la plate forme mise en place, des tests d’interopérabilité  et de performances ont été réalisés, ainsi que des tests de combinaison de données, notamment avec  des services WMS pour tester les transformations de coordonnées et la superposition des couches en  faisant afficher, par exemple, les communes de la CUS sur une carte de France.
Cette  étude  a  ainsi  pu  révéler  des  degrés  de  maturité  plus  ou  moins  satisfaisant  en  fonction  des  services.
Ainsi, les services WMS fonctionnent sans problème et permettent d’élaborer sans grande difficulté et  de manière performante des cartes avec des données provenant de diverses sources, tandis que le  WFS fonctionne de manière correcte tant que la taille des données reste raisonnable.  D’autres services ont semblé très peu mûrs (cas du WCS), et certain n’ont pas pu être testés, étant  donné qu’ils n’étaient pas contenus dans les solutions libres étudiées (cas du WTS, CSW, WCTS). 
Tous ces tests ont contribué à capitaliser suffisamment de connaissances sur les SWG pour évaluer,  par la suite les différents candidats du lot Géoportail du renouvellement du SIG de la CUS.

4. Comparaison de solutions commerciales

Le  dialogue  compétitif  pour  le  renouvellement  du  SIG  de  la  CUS  se  déroule,  pour  chaque  candidat, en 3 phases :

  1. offre initiale à partir du Programme Fonctionnel Détaillé (PFD) 
  2. présentation  de  l’offre  au  sein  de  la  CUS  au  cours  d’auditions  et  de  tests  fonctionnels  et  techniques, ce qui permettra à la CUS d’élaborer le cahier des charges définitif
  3. émission de l’offre définitive

La comparaison de solution commerciale s’est déroulée de la manière suivante :

  1. analyse des propositions initiales des candidats, ce qui permet de préparer les auditions
  2. élaboration du scénario que les candidats devront dérouler lors de la présentation de la  maquette, dans le but de tester les solutions proposées
  3. audition des candidats, avec une présentation et le scénario de la maquette 
  4. évaluation  des  candidats  à  travers  une  comparaison  entre  eux  et  avec  la  maquette  MapServer réalisée dans la première partie du PFE 

Cette  étude  a  pour  objectif  de  collecter,  sur  les  solutions  proposées  par  les  candidats,  un  nombre  suffisant d’informations qui apporteront une aide pour la rédaction du cahier des charges définitif et  pour l’attribution du lot 2 GéoPortail.
Dans un souci de confidentialité du au contexte lié au dialogue compétitif, les noms des candidats ne  pourront  pas  être  dévoilés,  ainsi  que  leur  nombre.  C’est  pourquoi,  ne  seront  présentés  que  les  3  premiers candidats du lot Géoportail du renouvellement du SIG de la CUS.
Parmi  les  3  candidats  présentés  et  au  travers  de  ce  que  nous  avons  pu  voir  au  cours  de  leurs  auditions, un a réussi à se dégager des autres. En effet, celui-ci base toute sa solution sur les SWG et  les proposent tous, tandis que les deux autres ont une stratégie plus progressive en se basant sur ce  qu’ils possèdent déjà et en intégrant au fur et à mesure les SWG.  En  outre  les  solutions  présentées  par  ces  deux  derniers  candidats  ne  sont,  d’un  point  de  vue  des  services Web géographiques, pas beaucoup plus avancées, sinon moins, que ce que proposent des  solutions libres telles que MapServer ou GeoServer. Et il est aussi à signaler que la première solution,  si elle est la plus avancée, est aussi la plus chère…
De plus cette comparaison de solutions commerciales a aussi permis de valider les résultats obtenus  lors  de  l’étude  des  services  Web  géographiques  av
ec  des  solutions  libres.  En  effet  les  solutions  commerciales  ont  confirmé  les  degrés de  maturité affichés  par  les solutions  libres, c’est  à dire une  maîtrise du WMS, plus de difficultés pour le WFS, et une quasi-absence des autres SWG.
Ce qui va amener dans un contexte plus large, à s’interroger dans un avenir proche sur des domaines  touchant à la part que prendront les SWG dans les SIG, à la viabilité des solutions libres, et à leur  importance par rapport aux solutions commerciales.  De même, dans un avenir plus lointain, les SWG laissent entrevoir la possibilité d’un développement  de  l’e-commerce  pour  l’information  géographique,  ainsi  que  l’automatisation  des  échanges  et  des  mises à jour entre partenaires, en d’autres termes, s’ils arrivent à tenir leurs promesses, ils risquent de  révolutionner le monde du SIG.

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