Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Christophe MERTAZA

-   CONCEPTION   D’UN  MODELE   3D   URBAIN   EN   VUE   D’UNE  INTEGRATION   AU   SEIN   D’UN  SIG   CALEDONIEN   -    

Société d’accueil :                      SEFP – Nouvelle Calédonie
PFE présenté par :                    Christophe MERTAZA
Directeur du PFE :                    M. THOMAS
Correcteurs :                             MM. GRUSSENMEYER & KOEHL

1. Objectifs du projet

La  mairie  de  Nouméa,  en  collaboration  avec  la  DITTT  (Direction  des  Infrastructures,  de  la  Topographie  et  des  Transports  Terrestres)  et  le  GIE  SERAIL  (Groupement  d’Intérêt  Economique  « Système   d’Exploitation,   de   Répartition   et   d’Administration  des   Informations  Localisées »)   ont  exprimé le besoin d’acquérir un modèle tridimensionnel urbain de Nouméa. 
Le GIE SERAIL, qui s’occupait jusque là des projets SIG de la ville, avait à sa disposition un 
SIG   2D   non   validé   pour   une   exploitation   3D.   Ainsi,   il   a   été   convenu   de   créer   un   modèle  tridimensionnel sous la forme d’un SIG (Système d’Information Géographique) 3D, qui sera un outil  d’aide  à  la  décision  pour  les  futurs  projets  d’aménagements  de  la ville  et  servira  de  base  pour  la  gestion des équipements urbains.
De  plus,  dans  le  but  de  promouvoir  et  de  développer  l’activité  touristique  de  la  région,  ce  projet  doit  apporter  des  solutions  en  matière  de  conservation  du  patrimoine.  Par  conséquent,  j’ai  proposé aux différents organismes pr        écités de réaliser le photomodèle 3D réaliste de la cathédrale de
Nouméa. 
En  raison  de  cet  édifice  de  grande  envergure,  de  ce  symbole  historique  du  territoire,  j’ai  privilégié  l’emploi  des  méthodes  de  la  photogrammétrie  terrestre  par  rapport  à  l’utilisation  d’un  scanner laser haute définition qui aurait nécessité un investissement important de la mairie.
La  maquette  virtuelle  finale  de  Nouméa,  qui  doit  regrouper  les  données  du  SIG  3D  et  le  photomodèle texturé de la cathédrale, doit montrer, d’une part, qu’il est possible de gérer, dans un  même  environnement,  plusieurs  types  de  données  et,  d’autre  part,  de  proposer  une  visite  virtuelle  guidée de Nouméa des plus réalistes.

2. Conception d’un SIG 3D :

A  partir  des  données  issues  de  la  restitution  photogrammétrique  réalisée  par  la  SEFP  en  2003, des orthophotos de résolution 50 cm et d’un MNT (Modèle Numérique de Terrain), j’ai réalisé un  SIG 3D couvrant une zone de 4 km autour du centre ville de Nouméa.
J’ai utilisé les extensions et les modules du logicielArcView 9.1 qui sont parfaitement adaptés  pour la conception de SIG à grande échelle. Le SIG  3D de Nouméa regroupe tous les éléments du  mobilier urbain, les espaces verts ou encore les équipements publics. 
Néanmoins,  la  création  d’un  tel  système  n’est  possible  que  si  les  données  initiales  sont  correctement structurées et hiérarchisées dans une base de données type « géodatabase ». 
L’utilisation des modules et des fonctions d’ArcScène permet de représenter un SIG 3D sous  la  forme  d’une  maquette  virtuelle.  L’intégrationde  symboles  3D  et  de  données  raster  valorisent  davantage  une  scène  3D  de  cette  envergure.  Toutefois,  la  gestion  de  données  tridimensionnelles  nécessite  des  algorithmes  de  calcul  et  de  traitement  parfois  lourds  et  contraignants  pour  une  exploitation simple et rapide d’un SIG 3D.

La  création  de  fichiers  vidéo  au  format  .avi  ou  encore  la  possibilité  d’exporter  la  scène  en  VRML  (Virtual  Reality  Modelling  Language) sont  autant  d’outils à  la  disposition des utilisateurs  leur  permettant de mettre en valeur le territoire de la ville.

Voici un extrait du SIG 3D de Nouméa que j’ai réalisé au cours de ce projet : 

Dans le but d’étudier les différents domaines d’application d’un tel système et de comparer les  besoins  des collectivités  locales  de  la Nouvelle-Calédonie,  j’ai réalisé  le  SIG  3D  de  Belep,  archipel  d’îlots situé au Nord du territoire. 
Au contraire de Nouméa, cet archipel à peine urbanisé et industrialisé est l’exemple le plus  probant  des  difficultés  que  l’on  peut  rencontrer dans  l’élaboration  et  l’exploitation  d’un  SIG  3D  calédonien.  En  participant  à  deux  projets  de  lotissement  prévus  dans  la  région,  j’ai  pu  évaluer  les  conséquences et l’impact d’un projet d’aménagement dans une zone très peu développée et soumise  aux lois coutumières.
En outre, un des problèmes majeurs rencontrés lors de la création d’un SIG 3D réside dans le  compromis à trouver entre la taille et la qualité des données à traiter selon l’exploitation souhaitée.  
Concernant  l’agglomération  de  Nouméa,  la  restitution  photogrammétrique,  qui  offre  une  précision  de  ±  50  cm  sur  les  données  planimétriques  et  altimétriques,  est  appropriée  pour  la  représentation d’un SIG à grande échelle. A l’inverse, une précision de cetype ne convient pas pour  une gestion efficace des équipements de la ville.
Par  contre,  il  est  parfois  nécessaire  de  compresser  les  données  raster  ou  encore  de  supprimer  les  entités  inutiles  dans  un  SIG  3D  pour  exploiter  et  gérer  convenablement  les  données  tridimensionnelles dont le volume peut être une contrainte.

3. Le photomodèle 3D réaliste de la cathédrale :

La réalisation du photomodèle 3D réaliste de la cathédrale de Nouméa s’est avérée longue et  minutieuse.  A  la  vue  de  l’imposante  envergure  du  monument,  j’ai  mis  en  place  une  méthodologie  particulière pour, d’une part, respecter les conditions du cas normal et, d’autre part, acquérir, lors de la  réalisation des prises de vues, chaque face dans sa totalité.


Un lever, effectué au tachéomètre laser, m’a permis de déterminer un ensemble de points de  calage  bien  répartis  sur  les  faces  du  bâtiment,  lesquels  points  ont  servi  de  référence  pour  la  modélisation de l’édifice sous      PhotoModeler    . 
SONY  DSC M1 à 5.1 Méga pixels. Un peu plus de 90 photos ont été nécessaires pour réaliser le modèle 3D final. Par rapport aux dimensions du monument, j’ai dû modéliser chaque face séparément puis les  assembler afin d’éviter un traitement des données long et complexe.                                Les prises de vues ont été effectuées à par         tir d’un appareil photo numérique de type
Après avoir créé sous PhotoModeler le modèle filaire du monument, j’ai utilisé les outils de3D  Studio  Max  pour  compléter  le  modèle  final.  Pour  les  textures,  j’ai  généré  des  orthophotos  pour  les détails et motifs religieux qui ornent les façades de la cathédrale. La toiture du monument a nécessité  un  traitement  particulier  car  j’ai  modélisé  cette  partie  en  utilisant  les  données  de  la  restitution  photogrammétrique ainsi qu’une orthophoto de la zone de résolution 10 cm.
L’extrait  ci-après  présente  une  scène  VRML,  avec  l’orthophoto  précédente  drapée  sur  un  MNT, à laquelle j’ai intégré un modèle de la cathédrale en 3D faces créé à partir des données de la  restitution photogrammétrique : 

La contrainte, imposant une précision de ± 3-4cm sur le photomodèle final, a été respectée à  chaque étape du projet. Pour remplir cette condition, j’ai accepté un écart maximal de ± 5-6 pixel sur  les points du modèle avec une taille de pixel objet égale à ± 5,2 mm pour une distance objet-caméra  de 15 m et une focale effective de ± 6,7 mm de l’appareil photo.

4. Outils pour une visualisation 3D interactive :

L’étude  du  format  VRML  (Virtual  Reality  Modeling  Language)  et  des  différents  viewers,  actuellement disponibles sur le marché de la modélisation 3D, m’ont permis de trouver des solutions  mettant en valeur les différents modèles et scènes 3D générés au cours de ce projet.
En comparant les différents viewers selon 4 critères qualité de base tels que l’interactivité, la  qualité du rendu, l’interface ainsi que les outils de navigation et d’affichage.,Blaxxun Contact 5.1 s’est  révélée  le  viewer  le  plus  complet  pour  la  visualisation  3D  dynamique.  Développé  par  la  société  BitManagment,ce programme offre une interactivité et unréalisme des plus avancés dans le domaine de la 3D.


Le format VRML permet, quant a lui, de modifier les paramètres d’un environnement 3D. En  effet, il est possible, par exemple, de créer des points de vues spécifiques pour mettre en évidence  une partie d’une scène ou d’un modèle. De plus, le VRML est approprié pour une exploitation 3D sur  Internet, puisque l’on peut intégrer dans une page HTML un modèle au format .wrl et ainsi proposer  aux utilisateurs une visualisation 3D interactive avec le viewer Blaxxun Contact 5.1.
Toutefois,  une  des  contraintes  de  ce  format  reste  l’affichage  et  la  visualisation  de  scènes  volumineuses.  En  effet,  la  conversion  d’une  scène  >  10  Mo  en  VRML  est  sans  intérêt  car  il  est  impossible de manipuler et gérer convenablement les entités 3D, à moins de disposer d’un ordinateur  suffisamment puissant.

5. La maquette virtuelle finale de Nouméa :

Pour réaliser la maquette virtuelle finale de Nouméa, j’ai utilisé 3D SpacEyes Builder, logiciel  de simulation et de gestion de données 3D. En intégrant les couches de type vecteur et raster du SIG  3D de Nouméa et le photomodèle réaliste de la cathédrale, il est possible de gérer dans un même  environnement plusieurs type de données.
3D SpacEyes Builder propose différents outils pour exploiter et manipuler des données 3D, sachant par ailleurs qu’il utilise des algorithmes et des processus de traitement adaptés aux données  tridimensionnelles. L’insertion de symboles au format .3ds et d’orthophotos au format .ecw, lequel est  très utile pour la compression de données raster, permet de réduire efficacement la taille d’une scène  3D.
Voici deux extraits de la maquette 3D finale de Nouméa réalisée sous 3D SpacEyes Builder :

Une visite virtuelle guidée du centre ville de Nouméa devient dès lors possible en créant, par  exemple, un fichier vidéo au format .avi. En revanche, il est regrettable que ce logiciel ne puisse pas  convertir une scène ou un modèle 3D en VRML tout en compressant les données.

6. Conclusion et perspectives du projet :

Par  rapport  aux  objectifs  initiaux,  les  études  et  modèles  réalisés  au  cours  de  ce  projet  montrent que le domaine de la 3D offre de nombreuses possibilités pour gérer et mettre en valeur le  territoire  de  Nouméa.  La  conception  du  modèle  tridimensionnel  de  la  ville  sous  forme  de  SIG  3D  souligne les avantages et les inconvénients d’un tel système. 
L’intégration du photomodèle 3D réaliste de la cathédrale permet de manipuler et d’exploiter,  dans  un  même  environnement,  des  données  d’origines  diverses.  Les  outils  et  logiciels  utilisés  au  cours de l’étude proposent des solutions qui mettent en valeur le patrimoine historique de Nouméa.
Au  vu  de  mes  travaux,  la  mairie  souhaite  maintenant  intégrer  au  SIG  3D  de  la  ville  les  données cadastrales de la DITTT en collaboration avec le GIE SERAIL. De nombreux organismes et  entreprises du secteur touristique voudraient également créer un site Internet dédié aux monuments  historiques de la Nouvelle-Calédonie.

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