Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Delphine Queste 

V ERS   UN  P ROCESSUS  A UTOMATIQUE   DE  M ODELISATION   DU   P ATRIMOINE  A RCHITECTURAL   AU  M OYEN   DE  D ONNEES  
L ASERGRAMMETRIQUES  

Le savoir architectural comme principale source d’information

Société d’accueil : Laboratoire MAP PAGE
PFE présenté par : Delphine Queste 
Directeur (directrice) du PFE : M. GRUSSENMEYER
Correcteurs : M. GRUSSENMEYER et M. KOEHL

Problématique
La modélisation du patrimoine culturel représente un thème de plus en plus sensible depuis ces vingt  dernières  années ;  que  ce  soit  au  niveau  de  l’acquisition  ou  du  traitement  des  données,  de  nombreuses questions se posent, sans pour autant toujours aboutir à des réponses généralisées.
Ainsi, les techniques de levé à distances (sans contact avec l’objet), comme la photogrammétrie ou la  lasergrammétrie, se sont très vite imposées du fait, essentiellement de leur facilité de mise en œuvre  et de la possibilité d’acquisition d’un grand nombre de données en un temps relativement restreint.  Ces nouvelles techniques présentent cependant des inconvénients ; pour un levé laser, par exemple,  nous sommes souvent confrontés à des difficultés lors du traitement des données, ce qui se traduit le  plus  souvent  par  des  temps  très  longs.  Le  temps  économisé  lors  de  l’acquisition  des  données  est  alors largement perdu lors du traitement. 
L’objectif  de  cette  étude  est  de  rechercher  un  moyen  de  faciliter,  et  ainsi  diminuer  les  temps  de  traitement de données laser ; le résultat devant permettre de réduire considérablement l’interaction de  l’utilisateur  tout  en  exploitant  au  mieux  la  haute  densité  d’informations  issues  d’une  acquisition  au  scanner laser.
Notre travail s’intéressant à la modélisation du patrimoine culturel, nous proposons une approche se  basant sur la connaissance architecturale comme principale source d’information.  Ainsi,  notre  approche  va  consister  à  mettre  en  place  une  méthodologie  prenant  en  compte  la  description de l’objet d’étude avant la mesure. 
Les règles topologiques, ainsi que l’information sémantique propre au bâtiment seront alors exploitées  dans l’optique d’une semi automatisation du processus de reconstruction.   Les données dimensionnelles issues du levé laser devront être exploitées au mieux, en prenant en  compte  toute  l’information  disponible  (nuage  de  points  très  dense)  afin  d’en  extraire  les  éléments  pertinents et utiles à la modélisation.
En outre, considérer le savoir architectural comme principale source d’aide à la modélisation nécessite  d’introduire   un   niveau   de   détail   de   modélisation   en   analogie   avec   la   phase   de   conception  architecturale.  Ainsi,  notre  travail  devrait  permettre  à  l’utilisateur  de  choisir  un  niveau  de  détail  de  modélisation selon ses besoins.

Dans un second temps, il sera intéressant de chercher à comparer le modèle final créé au moyen de  données   laser   avec   le   même   modèle   se   basant   sur   le   savoir   architectural   et   des   données  photogrammétriques.  Ceci  nécessite  donc  d’introduire  un  critère  de  précision  tenant  compte  de  la  précision des mesures effectuées. 

Méthodologie et implémentation
Notre travail va exploiter la connaissance « a priori » de l’objet d’étude sous la forme de la réalisation  d’un modèle « relationnel ». Ce modèle correspond à un découpage d’éléments simples (des plans,  dans notre étude), assurant une certaine cohérence selon le niveau de détail choisi.  Le  découpage  sous  forme  de  plans  a  été  choisi  dans  le  but  d’exploiter  le  plus  d’informations  disponibles issues des données laser. 
Ainsi, le modèle « relationnel » servira, dans un premier temps, de guide à la segmentation du nuage  de points laser, laquelle sera traitée dans l’optique d’en extraire des plans moyens.  Ces plans moyens permettront ensuite de calculer les sommets les plus probables du modèle final  (intersection de plans).
Au  vu  des  types  de  traitements,  il  est  nécessaire  que  les  divers  protocoles  à  mettre  en  place  se  fassent sur un modeleur permettant une bonne visualisation des données, mais également présentant  des possibilités de développements.
Le  logiciel  devant  en  outre  être  connu  et  maîtrisé  par  un  large  public,  et  plus  particulièrement  des  architectes, AutoCAD a semblé être un bon compromis. En effet, ce logiciel est polyvalent, et possède  deux  langages  associés :  lisp  et  Visual  Basic  pour  Application.  AutoCAD  et  VBA  avaient  été  préalablement choisis par le doctorant du laboratoire (dont la thèse traite d’un sujet similaire), ce qui  n’a fait que confirmer ce choix. 
Il  est  en  effet  possible  de  manipuler  la  géométrie  de  manière  autonome,  et  VBA  permet  l’accès  à  d’autres applications, telles que MS Access.
  
La  possibilité  de  manipuler  des  bases de  données  s’avère  être  très  intéressante  pour  notre  travail,  puisque cela nous permettra d’enregistrer les informations topologiques et sémantiques utiles propres  à notre modèle « relationnel ».
En ce qui concerne le logiciel de gestion de base de données, notre choix s’est arrêté sur MS Access  puisque c’est un logiciel aisé à se procurer, et de ce fait détenu par un large public.
D’une manière concrète, notre méthodologie suit les étapes suivantes :

Etape 1 : Création d’un modèle « relationnel » issu de la connaissance « a priori » de l’objet d’étude.  Ce modèle peut être réalisé sur un modeleur quelconque qui permette néanmoins un export .dxf. Il  doit  pouvoir  être  décomposable  en  un  ensemble  de  faces  3D,  générées  selon  le  niveau  de  détails  souhaité. Il est dépourvu de dimensions, et nécessite uniquement que les faces soient positionnées  correctement les unes par rapport aux autres.

Etape 2 : Segmentation du nuage, guidée par le modèle relationnel, en points représentant les plans  remarquables.   Dénomination   de   chaque   découpage   par   la   sémantique correspondant   au   plan  caractéristique.  Réalisée  sur  le  logiciel  Realworks  Survey,  il  est  possible  de  nommer  les  différents  découpages,  puis  de  les  exporter  sur  AutoCAD.  Les  dénominations  de  ces  nuages  de  points  segmentés apparaissent alors sous forme de calques. 

Etape 3 : Traitement de cette segmentation par calcul de plans moyens. Ces plans sont calculés par  compensation selon le principe des moindres carrés. Il est possible d’utiliser l’équation suivante :
Z = a.X+b.Y+c

On  obtient  alors  un  ensemble  de  plans  labellisés  entachés  d’une  précision  de  modélisation,  cette  précision étant calculée en considérant les distances des points au plan modélisé (écarts apparents).

Etape  4 Mise  en  correspondance  des  labels  des  plans  avec  les  différentes  faces  du  modèle  « relationnel ».  Elle  est  réalisée  par  des  routines  VBA  permettant  de  détecter  toutes  les  faces  coplanaires, et ainsi de les attribuer à un calque.

Etape  5 Extraction  et  enregistrement  des  données  topologiques  et  sémantiques  du  modèle  
« relationnel »  dans  une  base  de  données.  Au  moyen  de  requêtes  SQL  réalisées  sous  VBA,  il  est  possible de gérer une base de données sous Access par exemple.

Etape  6 Calcul  automatique  des  sommets  du  modèle  par  intersection  de  plans  issus  de  la  segmentation  du  nuage  de  points  laser.  Ce  calcul  est  guidé  à  l’aide  des  informations  enregistrées  préalablement dans la base de données et de requêtes. Pour les sommets appartenant à plus de trois  plans, une compensation par les moindres carrés est mise en œuvre, permettant ainsi d’obtenir une  précision  sur  ces  points.  Un  calcul  de  sensibilités  a  été  réalisé  pour  les  points  intersection  de  trois  plans.

Etape  7 Génération  automatique  des  faces  du  modèle  aux  bonnes  dimensions  →  obtention  d’un  modèle 3D surfacique entaché d’une précision de modélisation.

Figure 1 : Méthodologie


Résultats 
Les différents essais menés ont donné lieu à la création de modèle 3D, essentiellement constitué de  faces planes 3D.
Les modèles générés possèdent les caractéristiques suivantes :

  • une sémantique est associée à chacun des éléments les constituant ;
  • un critère de qualité en rapport avec la précision de modélisation de chacun de leurs sommets  leur est affecté ;
  • leurs réalisations correspondent à un certain niveau de détail déterminé par l’utilisateur.

                       

   Bâtiment A  Niveau 1 Bâtiment A  Niveau 2 Bâtiment B  Niveau 1    Bâtiment B  Niveau 2

 Nombre de points  du nuage

730 405

1 955 861

446 823

967 423

Nombre de plans  à calculer

7

35

7

22

Précision  moyenne

0.02 m

0.04 m

0.02 m

0.04 m

Temps de  traitement moyens

3 min 31

17 min 22

2 min 51

5 min 57


Tableau 1 : Estimation de la précision et des temps de traitement des modèles de deux bâtiments selon les deux premiers  niveaux de détail1 

Conclusion et perspectives

Cette approche sur la modélisation du patrimoine architectural est très intéressante, puisqu’elle utilise 
les informations sémantiques, topologiques et géométriques de l’objet, mais aussi un niveau de détails  spécifié  par  l’utilisateur ;  ce  qui  au  final,  permet  l’obtention  d’un  modèle  complet,  utilisable  pour  un  éventuel système d’information et cohérent selon l’utilisation souhaitée. 
Il serait intéressant par la suite, de chercher à intégrer, de la même manière, les informations propres  à l’intérieur de l’objet ; l’information sémantique, et ainsi le modèle seraient de ce fait plus complets.  Un mode d’acquisition des données intérieures serait alors mis en place dans le but de minimiser les  temps de travail (levé d’intérieur au ruban, au distancemètre laser, au tachéomètre, au scanner laser,  etc.), tout en assurant une précision correcte et en adéquation avec la précision obtenue à l’extérieur.

1           les temps ne prennent pas en compte la réalisation du modèle « relationnel », ni la segmentation. Les calculs ont été réalisés  sur un PC de processeur de 2.7 GHz

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