Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Florian BASOGE

VALORISATION DE MNT LASER AEROPORTE POUR LA CONDUITE DE  PROJETS D’AMENAGEMENT HYDRAULIQUE

Société d’accueil : Conseil Général du Haut-Rhin 
PFE présenté par : Florian BASOGE
Directeur du PFE : Nicolas Kreis 
Correcteurs : Tania Landes - Mathieu Koehl 

Introduction:

Le  Haut-Rhin  est  traversé  du  sud  au  nord  par  l’Ill  qui  est  le  principal  cours  d’eau  du  département mis à part le Rhin. L’Ill est une rivière assez calme l’été avec peu de débit (1 à 2 m3/sec)  mais connaissant des épisodes de crues importantes durant l’hiver (400 m3/sec). Elle est alimentée  par des affluents venant des vallées des Vosges (la Doller, la Fecht, la Lauch). La fonte des neiges et  de fortes précipitations sont les causes d’une variation rapide du débit de la rivière.
Le Service Aménagement des Rivières (SAR) du Conseil Général du Haut-Rhin est chargé de  s’occuper   de   la   gestion   des   cours   d’eau   présents   sur   le   Haut-Rhin.   Cette   gestion   consiste  principalement à protéger les habitations contre les crues. Il réalise des calculs de hauteurs d’eaux  pour  connaître  les  cotes  des  différentes  rivières en  crue.  Ces  cotes  de  crues  sont  utilisées  pour  réaliser des simulations hydrauliques.
Le SAR a acquis un MNS de la vallée de l’Ill par levé laser aéroporté. L’utilisation de ce levé  sert entre autres à réaliser des simulations hydrauliques sur l’Ill. A terme, le Service Aménagement  des Rivières souhaite acquérir les levés de toutes les vallées des cours d’eau du Haut-Rhin.
Mon projet consiste tout d’abord à intégrer le MNS sur le SIG puis à réaliser le filtrage du MNS  en utilisant les outils disponibles au Conseil Général pour obtenir un MNT exploitable. L’outil principal  est ArcView GIS 3.3. Le MNT sera lui aussi intégré à la base de données. Un mode opératoire doit  être réalisé pour filtrer le MNS et obtenir un MNT en utilisant uniquement Arvcview 3.3. Un export sous  AutoCAD-Covadis doit ensuite être créé pour exploiter le nouveau MNT. Il faut donc épurer le MNT  tout en gardant le maximum de données au niveau des digues.

Contexte:

Une crue ne peut pas être simulée à partir d’un seul point d’observation ou à un instant donné  car c’est un phénomène variable dans l’espace et le temps. Pour modéliser une crue, on utilise au  moins    deux    types    de    données hydrologiques:    les    stations    de    jaugeage    et    les    stations  météorologiques.
La topographie de la zone de crue est aussi très importante pour une simulation hydraulique 
des  écoulements.  La  topographie  de  la  rivière  et  du  lit  majeur  est  le  plus  souvent  décrite  par  des  profils en travers. Ceux-ci peuvent être espacés de  plusieurs centaines de mètres si la forme de la  rivière   varie   peu.   Trois   paramètres   sont   à   prendre   en   compte   pour   connaître   les   besoins  topographiques : l’extension de la zone géographique, la  résolution et la précision. Ces trois critères  ont conditionné le choix de la technique de levé.  
Le levé laser aéroporté s’est avéré être la méthode la mieux adaptée. En effet, en plus des 
trois  critères  cités  précédemment,  le  levé  laser  aéroporté  comporte  d’autres  avantages :  la  rapidité  des mesures, un coût acceptable et la gestion du sursol, le sursol correspondant à la végétation et  aux bâtiments


Les données:

Le  levé  de  l’Ill  couvre  une  surface  de  440  km².  Il  s’étend  du  nord de Mulhouse au nord du Haut-Rhin (Illhaeusern). Cela représente  environ un rectangle de quarante quatre kilomètres de long sur dix de  large.  Cette  surface  contient  de  nombreuses  zones  d’expansion  de  crues   mais   aussi   de   nombreuses   communes   protégées   par   des  digues. Les mouvements d’eaux sont mal connus lors des crues dans  certaines de ces zones. Ce levé a été fourni uniquement sous forme  de MNS. Aucun filtrage n’a été réalisé . 
Les  données  fournies  par  TopoSys®   sont  sous  forme  raster  non pris en charge par ArcView GIS 3.3. Elles sont enregistrées par  cellule de 2km par 2km.
Le  pas  du  MNS  est  d’un  mètre.  Ce  pas  a  été  demandé  par  Nicolas Kreis, responsable du SAR. La précision planimétrique est de  50 cm et la précision altimétrique est de 15cm. Le MNS a été projeté  en Lambert II étendu. Le mode d’acquisition utilisé est le mode dernier  écho.

Les outils:

ArcView  est  un  logiciel  de  Système  d’Information  Géographique  de  bureautique.  Il  a  été  développé par ESRI. Il permet de visualiser, explorer, interroger et analyser des données spatiales. Il  existe  des  extensions  sous  ArcView  permettant  de  travailler  avec  des  données  topographiques :  Spatial  Analyst  et  3D  Analyst.  Ces  extensions  permettent  de  travailler  avec  des  MNTs  en  format vecteur ou raster. On peut ainsi générer des surfaces, les analyser et  modéliser le terrain.
Le  logiciel  Arcview  GIS  3.3  utilise  un  langage  de  programmation  propre.  Ce  langage  est  appelé  Avenue.  Il  s'agit  d'un  langage  de  développement  orienté  objet,  ce  qui  en  fait  un  outil  bien  adapté  à  la  gestion  des données  géographiques.  Il  est  livré  avec  ArcView  et  permet  notamment  le  développement d'applications utilisant les fonctionnalités d'ArcView en créant une nouvelle interface  (menus, barres d'outils…etc.). On peut ainsi utiliser  ce code pour réaliser nos propres scripts. Cela  permet de redéfinir les options de tous les menus et boutons, ou d'ajouter les siens.

Exploitation des données:

Préparation des données
Pour  intégrer  les  données  brutes  sous  Arcview,  plusieurs  manipulations  assez  répétitives  doivent   être   effectuées:   import   des   données   ascii,  déplacement   de   l’origine   pour   passer   des  coordonnées Lambert II étendue en Lambert II et découpage des données par communes.
Ces  tâches  étant  assez  répétitives,  des  scripts  ont  été  écrits  pour  automatiser  l’import.  Le  premier  script  permet  l’import  des  fichiers  ascii  en  rentrant  uniquement  le  chemin  d’accès  de  ces  fichiers,  le  nom  du  premier  fichier  et  le  nombre  de  fichiers  à  traiter.  Une  fois  ces  trois  paramètres  rentrés, le logiciel travaille seul.
Le second script permet de déplacer le point d’insertion des dalles.  Une fois toutes les dalles  chargées  sur  la  vue,  on  lance  le  script  qui  demande  le  déplacement  en  X  et  en  Y.  Il  modifie  alors  automatiquement le point d’insertion de chaque dalle. On obtient donc des fichiers dans le système de  coordonnées du SIG du Conseil Général (Lambert II). 
Le troisième script est prévu pour découper le MNS par communes. En effet il est plus facile 
pour les utilisateurs de travailler avec des MNS rangés par communes. Un fichier de la BD Carto de  l’IGN répertorie toutes les communes du Haut-Rhin. Par ailleurs, des scripts existent sur Internet pour  découper  un  fichier  raster  à  partir  d’un  fichier  polygone.  La  manipulation  consiste  à  rassembler  les  différentes  dalles  constituant  une  commune  puis  de  redécouper  ce  nouveau  fichier  aux  limites  communales. La tâche étant longue à réaliser et le nombre de communes important, l’automatisation  a  été  très  bénéfique.  Le  script  détecte  les  commune s  à  découper  en  fonction  des  fichiers  rasters  présents dans la vue.

Création automatique de cartes de zones inondables:
  
Le  levé  laser  aéroporté  est  un  outil  performant  pour
réaliser les cartes de zones inondables. En effet, il nous donne 
la  topographie  le  long  du  cours  d’eau  sur  une  largeur  bien  supérieure   à   un   levé   de   géomètre.   Nous   avons   tous   les  anciens  bras  de  rivières,  les  dépressions,  les  chemins,  les  obstacles.  La  densité  de  point  permet  un  zonage  très  précis  des cartes de zones inondables.
A partir de cotes de crues centennales, on modélise la  surface que recouvrirait la crue si les digues venaient à céder.  Soustraite à la topographie  du terrain, on obtient l’écart entre  ces  deux  surfaces  donc  la  hauteur d’eau  théorique lors  d’une  crue. Ces cartes sont ensuite utilisées pour réaliser le Plan de  Prévention des Risques d’Inondations (PPRI).  Des cartes des  aléas sont alors créées pour aider à l’urbanisation.
Ces     cartes     peuvent     elles     aussi     être     créées  automatiquement en écrivant un script. En entrée, on introduit  toutes  les  communes  concernés  et  le  fichier  contenant  les  cotes crues. En sortie, nous obtenons des cartes de hauteurs  d’eau qu’il faut ensuite interpréter.

Transformation du MNS en MNT:

Pour réaliser des simulations hydrauliques, on doit utiliser un MNT sans obstacle pour ne pas  fausser les calculs. Des extensions sous ArcView sont utilisables pour préparer ces simulations. Elles  travaillent à partir de TINs. Le MNS doit être filtré des arbres et des bâtiments pour obtenir un MNT.  Une rugosité est ensuite donnée à la surface selon que l’on soit en milieu urbain, en forêt ou sur des  zones plates, sans végétations.
J’ai donc créé un protocole en utilisant des extensions d’ArcView pour réaliser un filtrage et  obtenir un MNT. Ce protocole a ensuite été transformé en un script unique pour éviter d’utiliser de  nombreux outils successivement. Les principales étapes de ce protocole sont les suivantes :

  1. détection de contours en utilisant un filtre de convolution
  2. extraction des contours sous forme de lignes
  3. transformation de ces lignes en polygones
  4. suppression des données au niveau des polygones
  5. interpolation des zones ne contenant plus de valeur numérique
  6. second traitement au niveau des digues pour garder une précision suffisante
  7. détection automatique des lignes de rupture de pente
  8. transformation du MNT sous forme vecteur (TIN)
  9. export des points dans un fichier colonné avec séparateur

Une  fois  le  protocole  bien  déterminé,  la  phase  de  programmation  est  apparue.  Il  a  fallu  rassembler tous les scripts utilisés en un seul en les adaptant et en créant de nouvelles lignes de  commandes  pour  que  le  tout  fonctionne  sans  encombres.  Cette  phase  de  programmation  a  été  longue et a donné au résultat un script de 1800 lignes environ.
Ce script peut être utilisé d’une seule traite  ou par étapes. L’utilisation par étapes permet de  vérifier les résultats intermédiaires. Le traitement est assez long : pour une commune classique, une  à  plusieurs  heures  sont  nécessaires.  C’est  pourquoi  la  version  automatique  existe.  On  lance  le  traitement et le MNT est créé sans manipulation extérieure. 

Les fichiers de sortie sont :   -      un MNT en format raster ArcView
-     un TIN sous ArcView
-     un fichier texte avec une extension *.xyz du MNT
-     un fichier *.dxf renfermant les lignes de ruptures de pentes
-     un fichier verif.log qui permet de vérifier si le processus a réalisé toutes les étapes.
Tous les scripts créés ci-dessus ont été mis sous forme de menus déroulants dans ArcView  pour en faciliter l’usage. Les utilisateurs ne sont ainsi pas obligés de charger le script, de le compiler  et de le lancer.
Résultat du filtrage


L’exemple ci-dessus montre une partie d’Ensisheim près d’une digue protectrice.  Toutes les  habitations ont disparu ainsi qu’une grande partie de  la végétation. 

Le MNT sur AutoCad / Covadis

AutoCad n’est pas prévu pour gérer des millions de points comme le fait un logiciel de SIG. 
Son  fonctionnement  l’oblige  à  recharger  tout  le  dessin  à  chaque  changement  de  vue,  chaque  changement d’échelle. Il a donc fallu utiliser un filtrage sous ArcView avant l’export en fichier colonné  pour  épurer  le  MNT.  Pour  cela,  un  filtre  de  convolution  de  taille  7x7  a  été  utilisé.  Le  centre  de  la  matrice prend la valeur 48 et toutes les autres valeurs sont égales à -1. On peut ainsi différencier les  zones plates et les zones comportant du relief. Les zones plates sont épurées alors que les zones de  relief gardent l’intégralité de leurs données
On peut ainsi travailler sur des zones beaucoup plus grandes, ce qui est nécessaire pour la  réalisation de digues.

Conclusion:

Le travail réalisé pendant ces six mois m’a permis de mettre sur pied un projet et de laisser  au Conseil général un produit final, utile pour le service. Les extensions laissées pourront servir aux  différentes  personnes  du  service :  les  techniciens  avec  l’export  du  MNT  vers  Covadis  et  les  ingénieurs avec les calculs de zones inondables. Ce dernier outil permet un gain de temps incroyable  par rapport à une réalisation manuelle. Un regret dans mon étude est l’utilisation d’une version assez  ancienne qui va disparaître de plus en plus au profit de la version 9.
Mon étude peut par ailleurs être exploitée pour d’autres domaines qui utilisent le levé laser  aéroporté.  Une  ouverture  avec  le service  archéologie  du  Conseil  Général s’est  créée pendant  mon  PFE. Ce service fait par exemple des recherches de champs bombés ou d’entrées d’anciennes mines  à  partir  de  levés  laser  aéroportés.  L’utilisation   de  filtres  spécifiques  permettrait  une  détection  automatique de ces champs.

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