Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

 

ETUDE POUR LA REALISATION  DUNE  CARTE DE  VISIBILITE
SATELLITAIRE GNSS SUR  LE CANTON  DE GENEVE 

 

Société d’accueil :                      GeoDataNetwork
PFE présenté par :                    Guillaume BIZOUARD
Directeur du PFE :                    Stéphane COUDERQ
Correcteurs :                             M. KOEHL et M. LEDIG

 

La  technologie  GNSS  (Global  Navigation  Satellite  System),  GPS  en  tête,  est  actuellement  en  plein  essor dans de nombreux domaines : topographie, géodésie, transport,… Toutefois, le positionnement  par  satellite  est  toujours  limité  par  un  facteur  majeur  qui  est  la  présence  de  masques  alentours,  réduisant de façon significative la qualité des mesures dans certaines zones géographiques comme  les  zones  urbaines  denses,  quand  ils  n’empêchent  pa s  tout  simplement  les  observations.  Pour  contourner ce problème, il faudrait pouvoir établir des prévisions de visibilité satellitaire fiables, ce qui  permettrait   d’effectuer   des   mesures   aux   meilleures   fenêtres   de   visibilité   et   ce   dans   des  environnements  fortement  masqués.  Les  logiciels  actuels  réalisant  de  telles  prévisions  sont  assez  sommaires mais l’émergence récente du levé par laser aéroporté (ou levé LiDAR) permet d’entrevoir  de nouvelles applications inédites. Les semis de points issus de levés LiDAR permettent effectivement  de générer des Modèles Numériques de Surface (MNS)qui représentent le sol et le sursol (bâtiments,  végétation,…) en 3D et qui modélisent ainsi les masques potentiels. Si on ajoute des logiciels comme  ArcGIS d’ESRI qui réalisent de puissants traitements d’analyse spatiale, on peut dès lors envisager l’élaboration de nouvelles applications permettant de prévoir la visibilité des satellites de manièreplus  fiable  et  plus  commode.  C’est  l’objet  de  ce  Projet de  Fin  d’Etudes  (PFE)  à  savoir  mener  l’étude  scientifique pour réaliser des cartes de visibilité satellitaire.

Elaboration d’un prototype

La  création  des  cartes  se  fait  par  l’intermédiaire d’un  prototype  qu’il  a  fallu  concevoir.  L’élaboration  s’est articulée en trois composantes qui vont être brièvement présentées.

Mécanique céleste – Géodésie spatiale

Avant d’analyser si un satellite est visible ou non, il faut d’abord pouvoir déterminer sa position à une  date  quelconque.  Pour  ce  faire,  le  point  de  départ est  l’almanach  des  constellations  qui  donne  les  coordonnées  képlériennes  des  satellites  pour  une  date  donnée.  Le  but  de  cette  première  partie  du  prototype est alors d’extrapoler ces paramètres orbitaux à la date de prévision souhaitée, puis de les  convertir  par  le  biais  de  divers  changements  de  repère  en  des  coordonnées  exploitables  pour  une  analyse  de  visibilité,  c’est  à  dire  des  coordonnées  topocentriques  (azimut ;  élévation)  relatives  à  un  lieu d’observation. Ces calculs sont effectués au sein d’un fichier Excel en grande partie automatisé.

Génération d’un Modèle Numérique de Surface

Une autre composante du prototype est la donnée maîtresse du projet : le MNS. Cependant, c’est le 
semis de points LiDAR qui a été fourni pour le PFE afin de générer le MNS optimal pour une analyse  de  visibilité.  En  effectuant  quelques  traitements  et  aidé  de  travaux  réalisés  à  l’Ecole  Polytechnique  Fédérale  de  Lausanne,  un  MNS  raster  qui  semble  modéliser  le  plus  fidèlement  l’espace  bâti,  a  été  créé sur chaque zone test de l’étude (centre-villede Genève et zone périurbaine).

Géotraitements sous ArcGIS

Enfin, la dernière composante traite de l’analyse de visibilité en elle-même. Elle a été élaborée sous le  logiciel ArcGIS 9.1 doté de son extension Spatial Analyst. Le géotraitement de base de cette partie  spécifique  du  prototype  est  l’outil  d’ombrage  (Hillshade)  qui  permet  en  temps  normal  d’ombrer  une  surface en fonction d’une source lumineuse mais qui sert dans le projet à déterminer si un satellite est  visible  ou  non  depuis  chaque  pixel  du  MNS.  Un  géotraitement  a  ainsi  été  créé via  l’interface  ModelBuilder  en  enchaînant  plusieurs  outils  du  logicielArcGIS  pour  pouvoir  générer  une  carte  de visibilité satellitaire à partir des résultats desdeux premières composantes.

Validation du prototype

Le prototype élaboré, il a fallu mettre à l’épreuve ses prévisions pour le valider. Le principe des tests a  donc été de comparer les prévisions à des observations faites sur le terrain. Une première série de  tests a permis dans un premier temps d’ajuster la procédure de tests mise en place et le MNS utilisé.  Puis les deux suivantes ont permis de valider le prototype avec des résultats satisfaisants. Sur une  soixantaine de prévisions :

  1. 74% étaient exactes,
  2. 12% incertaines,
  3. 14% fausses.

Ces  tests  ont  également  été  l’occasion  de  mettre  en  évidence  les  lacunes  du  prototype  dont  la  principale est due à la végétation. En effet, la grande majorité des prévisions fausses sont dues à des  satellites dont le signal traverse le feuillage de certains arbres dans la réalité, alors que le prototype  considère  ces  arbres  comme  des  masques.  Des  solutions  pour  pallier ce  problème  sont  alors  envisageables… 
Une analyse approfondie du prototype a apporté aussi un lot de réponses à certaines interrogations  que suscitait ce projet et a montré que de telles prévisions, assez longues à réaliser individuellement,  sont malgré tout relativement éphémères…

Vers une éventuelle application finale

Le prototype conçu n’est qu’une étape en vue d’un développement d’une possible application finale.  La réflexion s’est ainsi portée sur le type de carte que cette application pourrait générer en plus de la  carte de visibilité satellitaire fixe (car valable uniquement pour une date) réalisée avec le prototype. Il  est  donc  envisageable  de  créer  des  cartes  dynamiques  de  visibilité,  valables  sur  un  intervalle  de  temps complet. Elles prendraient la forme de fichiers vidéo ou d’animation.

On peut aussi imaginer générer des cartes de visibilité minimale ou maximale sur une plage horaire. 
Elles  renseigneraient  sur  la  pire  ou  la  meilleure  visibilité  que  l’on  puisse  avoir  sur  un  intervalle  de  temps.   Des   cartes   des   horaires   auxquels   surviennent   ces   visibilités   minimales   ou   maximales  pourraient être associées aux précédentes.
Des prototypes de ces genres de cartes ont réussi à être générés.
Enfin,   une   petite   étude   pour   réaliser   des   cartes   de   DOP,   information   ultime   en   matière   de  positionnement par satellite,  a été conduite.

Conclusion et perspectives

Ce PFE et  les différents résultats obtenus montrent  que  le projet  de réaliser des cartes de visibilité  satellitaire  est  pertinent,  possible  et  viable.  Cependant,  d’autres  études  seraient  souhaitables  pour  perfectionner   le   prototype.   Des   perspectives   pour   une   éventuelle   application   finale   sont   déjà  imaginables. Tout d’abord, ce ne sont pas que les domaines de la topographie et de la géomatique  qui pourraient être intéressés ; le milieu des transports (collectifs et ferroviaires) montrent aujourd’hui  son  intérêt  pour  de  telles  applications  à  travers  d iverses  études  menées.  Ensuite,  la  solution  finale  pourrait peut-être prendre la forme d’un service we b, mais les longs temps de traitements nécessaires  pour effectuer les prévisions, couplés au caractère très provisoire de ces dernières, suggèrent plutôt  un autre type d’application. Finalement, en attendant que les performances informatiques augmentent,  une  application  de  prévision  de  visibilité  satellitaire  telle  qu’elle  a  été  conçue  dans  ce  PFE,  serait  effectivement  plutôt  destinée  à  d’importantes  entreprises,  bureaux  d’étude  ou  institutions  publiques.  Elle  y  serait  employée  comme  un  outil  d’aide  à  la  décision  pour  de  vastes  projets  où  la  couverture  satellitaire est un enjeu sécuritaire important.

Ce  projet  a  été  réalisé  en  collaboration  avec  la  Direction  Cantonale  de  la  Mensuration  Officielle  de  Genève.

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