Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

Lazare GRENIER

ÉTUDES   COMPLEMENTAIRES   LIEES  A  LA  MISE  AU  POINT  DU
PHOTO-THEODOLITE  DE  LIGN 

 

Société d’accueil : Institut Géographique National
PFE présenté par : Lazare GRENIER
Directeur (directrice) du PFE : Thierry PERSON
Correcteurs : M. LEDIG et M. GRUSSENMEYER

Introduction :

Depuis  une  vingtaine  d’années,  l’IGN  s’attache  au  développement  de  nouvelles  techniques  d’observation et de représentation du monde réel, au sein de différents laboratoires de recherche. Le  projet  du  photo-théodolite  suscite  l’intérêt  de  l’unité  Travaux  Spéciaux  au  sein  de  laquelle  s’est  déroulé mon Projet de Fin d’Études, car elle a pour objectif d’apporter une alternative aux méthodes  traditionnelles de surveillance des ouvrages d’art. La mise au point d’un tel appareil nécessite d’une  part  de  se  pencher  sur  les  questions  relatives  à  sa  calibration,  puis,  dans  un  second  temps,  de  réfléchir sur le traitement des images acquises sur le terrain. Ces deux préoccupations ont constitué  les axes principaux autour duquel s’est articulé mon projet, même si le traitement des images a été  privilégié dans la mesure où la calibration avait déjà fait l’objet de nombreux travaux antérieurs.

1.    Présentation de l’appareil.

Le  photo-théodolite  associe  un  tachéomètre  électronique  à  une  petite  caméra  numérique,  placée dans le compartiment initialement prévu pour accueillir la batterie du tachéomètre.

•    Principe d’une mesure à l’aide du photo-théodolite.
Le  tachéomètre  sert  à  positionner  et  à  orienter  la  caméra  dans  l’espace.  De  cette  façon,  il  devient envisageable de réaliser des prises de vues à intervalles de temps successifs, en observant  une même scène sous le même angle. Ainsi, on pourra réaliser des études de corrélation entre les  photos relatives à  chaque campagne de mesure, et en déduire les déformations de l’ouvrage étudié. 
La détection de mouvements à l’aide d’une seule caméra peut susciter des interrogations. En  effet, il est impossible de mesurer des déplacements en trois dimensions à l’aide de photos sans faire  appel à la stéréorestitution. Il faut donc noter que les déplacements que nous serons en mesure de  détecter avec notre appareil se situent dans un plan orthogonal à l’axe de prises de vues.  Toutefois,  l’utilisation de la stéréoscopie est envisagée à plus long terme par l’IGN.
La  mesure  des  déformations  par  corrélation  fera  intervenir  des  algorithmes  développés  au  laboratoire  MATIS  (Méthodes  d’Analyses  pour  le  Traitement  d’Images  et  la  Stéréorestitution).  Nous  reviendrons sur ce point plus loin.
2.    La calibration du photo-théodolite.
La  calibration  du  photo-théodolite,  déjà  abordée  au  sein  de  projets  antérieurs,  nécessite  le  calcul  d’un  certain  nombre  de  paramètres.  Lors  d’une  calibration  standard,  ceux-ci  sont  la  distance  focale,  la  position  des  points  principaux  de  symétrie  et  d’autocollimation  (PPA  et  PPS),  et  les  paramètres de distorsion radiales et tangentielles.
Dans le cadre de notre projet, nous avons mis en place une nouvelle méthode de calibration,  qui ne réalise pas de modèle mathématique ni de calcul en bloc par moindre carrés, mais qui définit  une grille de passage entre coordonnées image et direction des rayons lumineux.

Pour  cela,  nous  disposons  une  diode  lumineuse  à  bonne  distance  de  l’appareil,  puis  nous  mesurons sa position à l’aide du tachéomètre, dans le repère lunette. La position de celle-ci définit  alors le repère lunette de référence. Nous réalisons ensuite un grand nombre de prises de vues afin  d’obtenir  un  jeu  de  photos  sur  lesquelles  la  diode couvre  l’intégralité  du  capteur.  Parallèlement,  les  angles  d’orientation  de  la  lunette  du  tachéomètre  sont  enregistrés.  Ainsi,  on  peut  déterminer  les  coordonnées lunette de la diode dans les différentes positions successives de l’appareil, et simuler la  présence d’autant de diodes différentes que de mesures, situées sur une surface sphérique centrée  sur  l’origine  du  repère  lunette.  Cela  permet  de  n’utiliser  qu’une  seule  cible  fixe.  Nous  obtenons  finalement un jeu de couples de coordonnées, ce qui permet de définir les coordonnées du vecteur  reliant le centre de prise de vues à la diode  (cf. équation 1), à condition d’avoir au préalable mesuré  la position de celui-ci. Afin de pouvoir attribuer une direction dans l’espace à tout point du capteur, il  faut faire appel à une interpolation dans chaque dimension du repère lunette. La figure 3 présente la  surface obtenue dans la direction Y.
La  manipulation  décrite  ci-dessus  est  plus  complète  que  celle  nécessaire  dans  le  cadre  de  notre  projet. En effet, la géométrie du faisceau perspectif est inutile au cours des calculs de corrélation que  nous   avons   effectués.   Toutefois,   ils   pourront   être   repris   dans   le   cadre   d’une   exploitation  stéréoscopique des photos.

Figure  3  :  Représentation  de  la  valeur  de  la  composante  Y  (repère  lunette)  en fonction des coordonnées image mesurées sur le capteur.

3.    Exploitation des images issues des campagnes de mesures.

Après avoir réalisé un certain nombre de tests préliminaires, nous nous sommes rendus  sur le site du viaduc de Millau afin de tester l’appareil, et de déterminer dans quelle mesure il était  possible  de  détecter  les  mouvements  du  tablier  à  l’aide  du  photo-théodolite.  Afin  de  disposer  d’observations de référence, nous avons réalisé simultanément des observations à l’aide d’un autre  tachéomètre, en mesurant les mouvements de prismes disposés sur l’ouvrage au cours de la journée.

Figure 4 : Schéma de la manipulation effectuée sur le viaduc de Millau

Le traitement des données  à notre retour nous a permis de tirer un certain nombre de conclusions  immédiates :
Tout d’abord, il apparaît que les images ne sont pas exploitables directement à leur sortie du  corrélateur. Une sélection des pixels pertinents sur les données relatives aux déplacements calculés par  corrélation  s’impose.  De  plus,  les  zones  donnant  les  meilleurs  résultats  sont  en  général  celles  situées sur les contours des objets.  Ainsi, nous avons pu programmer un algorithme de sélection des  pixels  pertinents  dans  les  résultats  en  effectuant  un  seuillage  basé  d’une  part  sur  les  scores  de  corrélation (indices de similarité entre les pixels homologues) et d’autre part sur les résultats d’un filtre  d’extraction des contours.

Figure  5:  Schéma  représentatif  des  étapes  réalisées  pour  l’obtention  d’une  image  résultante exploitable. L’image finale est une sous-image de « depl » ; les zones noires correspondent aux pixels  éliminés,  et  les  valeurs  des  pixels  retenus  correspondent  aux  déplacements  mesurés  pour  le  pixel  correspondant sur la première photo d’entrée.

Conclusion :

Le projet de mise au point d’un photo-théodolite a donc suscité notre réflexion sur deux points  principaux qui sont la calibration et le traitement des images acquises sur le terrain. Cette seconde  partie constitue sans aucun doute l’axe de recherche principal qui sera mis en avant pour la suite du  projet,  afin  d’apporter  des  solutions  aux  multiples  problèmes  rencontrés  sur  le  terrain,  comme  notamment les différences de luminosités entre les différentes photos. Conjointement à l’exploitation  stéréoscopique  des  images  et  à  l’achèvement  des  travaux  relatifs  à  la  calibration  de  l’appareil,  ces  travaux pourront alors aboutir et donner naissance à une nouvelle approche méthodologique dans le  domaine de la surveillance des ouvrages d’art par photo-théodolite.

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