Michel Steinmetz |
IMPLEMENTATION DE SOLUTIONS 3D DANS LE CADRE DU
DEVELOPPEMENT DU SIG DE LA CAP
Société d’accueil : Système d’Information Urbain de la communauté de Poitiers
PFE présenté par : Michel Steinmetz
Directeur (directrice) du PFE : Jean-Michel Pignon
Correcteurs : M. Mathieu Koehl et M. Jacques Ledig
1. INTRODUCTION
L’impact de l’homme sur son environnement est de plus en plus problématique. Le réchauffement de
la planète, les pics de pollution, la dégradation de la qualité de l’eau… les conséquences d’une mauvaise gestion de l’environnement sont désastreuses et, malheureusement, de plus en plus visibles.
Les progrès techniques, sociaux et médicaux, la fin du colonialisme et des conflits entre pays frontaliers ont entraîné notre pays, durant ces cinquante dernières années, dans une conquête du territoire et une urbanisation qui n’était alors ni légiférée, ni réfléchie. Les conséquences actuelles sont un morcellement des villes et un regroupement des activités homogènes. C’est dans ce contexte que sont nés, ces dernières années, de nouveaux besoins de gestion, d’organisation des agglomérations. En écho à ce désordre urbain, l’Europe a donné plusieurs directives visant à établir uneréflexion et une concertation plus vastes sur l’aménagement et la préservation de l’environnement. Les collectivités sont amenées à garantir les droits “d’accès à l’information sur l’environnement, de participationdu public au processus décisionnel et d’accès à la justice en matière d’environnement” à travers la Convention d’Aarhus. L’enjeu est d’élargir le rôle de la citoyenneté et de rendre ainsi chaque citadin responsable de sa ville.
2. LES OUTILS D’AIDE A LA DECISION NE CESSENT DE SE DEVELOPPER
Parallèlement à cette situation, de nouveaux outils d’aide à la décision sont apparus. Les Systèmes d’Informations Géographiques qui cumulent toujours davantage de données, offrent de nouvelles possibilités de décryptage de notre société. Cependant ils sont restreints aux acteurs du service public qui ne sont pas toujours bien au courant des capacités de ces outils. Puis, l’arrivée de Google Earth, il y a maintenant un an, a offert un libre accès aux données cartographiques à une échelle planétaire. C’est dans ce contexte que j’ai effectué mon stage au sein du Service d’Information Urbain de Poitiers (SIU), responsable du SIG de la Communauté d’Agglomération de Poitiers (CAP). L’enjeu est de continuer d’élargir le potentiel du SIG en lui fournissant un support visuel tridimensionnel et, par cet intermédiaire, améliorer la diffusion de l’informationen la rendant plus expressive, plus attrayante et donc plus intéressante.
Cependant, une extension complète du SIG à la 3D n’est pas encore à l’ordre du jour. Il s’agit dans un premier temps d’évaluer les moyens nécessaires à la représentation tridimensionnelle du territoire. Les navigateurs 3D, exploitant le principe de Google Earth au niveau de l’agglomération, sont en pleine extension. Ils consistent en une association de la Modélisation Numérique du Territoire (MNT, d’une résolution de 5 m pour la ville de Poitiers) et d’une orthophotographie. Leur mise en place est assez rapide car les données sont déjà disponibles. Ces supports permettent de mettre en valeur tout type de données en superposant des couches rasteurs ou vecteurs, des indications alpha- numériques, des liens vers des fichiers multimédias… Ils permettent donc de mettre en valeur les informations du SIG même s’ils n’en font pas encore partie intégrante. Les données à diffuser sont exportées puis insérées dans l’environnement 3D. La force de ces navigateurs 3D réside dans leur système de visualisation qui dégrade la résolution graphique des éléments insérés en fonction de la distance du point de vue de l’utilisateur.
L’étape suivante de la modélisation 3D est d’insérer, dans cette maquette, une représentation du bâti. Là encore l’intérêt d’une telle entreprise est à la hauteur de sa complexité. Disposer d’une maquette de la ville qui évolue avec elle au fil des aménagements apportera une compréhension plus globale, esthétique et communicative des enjeux urbains. L’impact visuel des constructions dans notre milieu de vie est d’une importance indéniable. Que dire de ces centres d’activités qui pullulent à la périphérie des villes, ces simples amoncellements de hangars métalliques ? Ou de ces concentrations d’habitations loin des yeux du centre historique mais si proches de son mal être ? Pouvoir traduire visuellement ces enjeux en faciliterait la compréhension.
3. LES DONNEES DISPONIBLES
Mon étude devait déterminer dans quelle mesure une maquette 3D de la ville pourrait être élaborée à partir des données actuelles du SIG. Je disposais donc de plusieurs éléments sur lesquels allaient se baser mes expérimentations et leur analyse :
- Le PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur), qui comprenait une modélisation vectorielle des toits du centre ville réalisée par
stéréophotogrammétrie, les pieds de bâtiments, des éléments de la voirie et de la végétation dans un format DXF 3D ;
- Le cadastre (DXF, JPEG) ;
- Les orthophotographies (ECW);
- Les projets réalisés en interne, constitués essentiellement de projets de voirie (DXF, JPEG) - Les projets d’architectes ;
- Les levés de géomètres ;
- Un scénario GeoShow3D de la CAP.
4. ETUDE DU BESOIN
Afin de donner une direction plus précise et mieux adaptée à ce projet, une étude du besoin a été effectuée auprès des services techniques de la CAP. Elle a confirmé le besoin en matière de communication, de présentation et de mise en valeur de projets. Les acteurs de cette communication sont d’un côté les bureaux d’études et les techniciens, qui traduisent les enjeux d’une nouvelle urbanité par des plans aux nomenclatures spécifiques, et de l’autre soit les élus, soit le grand public, qui nedisposent pas systématiquement des connaissances requises à la bonne lecture de ces plans techniques austères.
Trois axes de réponses ont pu être dégagés :
- Conception et visualisation simples de projets d’infrastructure ou d’urbanisme ; - Intégration des projets dans un environnement 3D restreint ; - Navigation dans le SIG de la CAP en 3D.
5. CONCEPTION ET VISUALISATION SIMPLES
Les entretiens ont confirmé trois points importants :
- La modélisation doit être simple
- Le temps de modélisation ne doit être qu’une infime partie du temps consacré au projet
- Le rendu doit être attractif et plaisant.
Le choix de l’outil allait donc s’orienter vers un logiciel muni d’une interface simple et accessible.
Ensuite pour que la modélisation soit rapide, elle se limitera aux éléments caractéristiques de l’environnement urbain. Comme il s’agit d’un outil de communication, la précision attendue par les services n’avait pas besoin d’être inférieure au mètre. Enfin, le logiciel de conception devra disposer d’une bonne qualité de rendu et de diverses options d’affichage pour mettre le travail effectué à sa ju
ste valeur. Un mauvais rendu, même très précis, ne ferait que le dévaloriser. L’outil retenu fut SketchUp de la société Abvent.
6. INSERTION DANS LE SITE
Il s’agit de réaliser, dans un premier temps, une représentation 3D du centre ville afin de disposer des bâtiments existants de façonsimplifiée. Leur enveloppe sera simple, seuls les toits et les textures permettront de les différencier. Leur rôle sera de situer les projets urbains dans un cadre permettant d’analyser l’inter visibilité, l’esthétisme, de générer et de mieux appréhender les volumes... La maquette serait réalisée au fur et à mesure des besoins créés par les projets.
7. NAVIGATION 3D DANS LE SIG
Le SIU a mis à ma disposition trois navigateurs 3D : Skyline de IGO, SpacEyes3D de SpacEyes et GeoShow3D de l’entreprise catalane GeoVirtual. Lespossibilités offertes par ces logiciels sont équivalentes. Les principales différences se situaient au niveau de l’interface et des commandes de navigation, d’un point de vue plutôt interne pour Skyline et GeoShow3D (survol d’hélicoptère) et plutôt externe pour SpacEyes3D (manipulation directe du MNT à l’aide de la souris). Comme GeoVirtual avait proposé de créer gratuitement un « scénario » à titre promotionnel pour la ville de Poitiers, GeoShow3D fut le support de mes expérimentations.
8. EXPERIMENTATIONS
Plusieurs projets en cours au sein de l’Hôtel de Ville m’ont permis de me familiariser avec ces deux outils et les données qui allaient y être confrontées. Les projets suivants ont été modélisés sur SketchUp puis insérer dans GeoShow3D. Le temps de conception indiqué comprend les phases de tests et d’essais :
- la Place de Montierneuf refaite en 2004.
(Environnement texturé + voirie + végétation + mobilier urbain : 3 semaines) ;
- le projet de Pôle Multimodal dans le quartier de la gare. Début des travaux : juin 2006.
(Importation du projet de l’architecte + environnement non texturé + voirie + végétation + mobilier urbain : 2 semaines) ;
- la Place du Maréchal Leclerc en vue de l’extension du centre ville piétonnier pour le projet Cœur d’Agglo).
(Environnement texturé : 3 semaines) ;
- le Théâtre-Auditorium, fin des travaux : fin 2006.
(Dessin du projet d’après les plans de l’architecte : 1/2 journée)
Des scénarios de présentations de projets furent réalisés sur GeoShow3D :
- Présentation des outils 3D aux services techniques .
(Scénario de départ) ;
- Réunion et débat public sur le projet Cœur d’Agglo du 17.05.2006.
- (Réalisation d’une vidéo projetée sur l’écran du théâtre pendant le discours du maire, puis mise à la disposition du public en Streeming Vidéo sur le site Internet de Poitiers : 1 semaine) ;
- Mise en valeur des futurs projets d’aménagement pour le Service de l’Habitat
(Réalisation de deux vidéos : 2 journées).
- Mise en valeur du Biopole pour le site Internet du service Economie
(Réalisation d’une vidéo : 1 journée) ;
9. ANALYSE DES TRAVAUX EFFECTUES
La modélisation de la ville peut être décomposée en plusieurs thématiques : - Les toits ;
- Les façades ;
- La voirie et les projets internes ;
- Le mobilier urbain ;
- Les espaces verts.
- Les projets d’architecte ;
Chaque section est composée d’une partie vectorielle de structure et d’une partie propre aux textures. Deux conceptions s’opposent et régissent la modélisation : la qualité et la fluidité. Plus la qualité et la précision sont élevées, plus la fluidité se dégrade. Il s’agissait donc de trouver un subtil dosage de ces deux points.
On peut cependant distinguer deux types de modélisations, l’une se limitant à un environnement restreint sur SketchUp et l’autre plus destinée à la maquette de la ville entière. Dans le premier cas, une simplification ultérieure peut toujours être envisagée en vue de son insertion dans GeoShow3D.
10. LA CONSTRUCTION DU MODELE
Le PSMV sert de squelette aux toitures. Cependant ses nombreuses discontinuités obligent à retracer la quasi-totalité des toits. En effet, afin de limiter la modélisation à une facette par pan de toit, il faut que tous les points de la surface soient coplanaires.
Plusieurs procédés ont été analysés pour élever les façades. Le manque de précision du cadastre et la préparation antérieure de ses données le rendait peu adapté. La solution retenue fut d’utiliser des macros de SketchUp pour créer des facettes verticales à partir des vecteurs des pieds de bâtiments du PSMV.
Deux méthodes de création de la voirie ont été examinées. La première consiste à générer un MNT à
partir des pieds de bâtiments du PSMV. Le résultat est esthétique mais entraîne une grande quantité de facettes qu’il est difficile de contrôler. De plus, comme nous le verrons, les orthophotos ne peuvent pas être texturées pour l’instant pour des raisons esthétiques. La voirie doit donc être mise en volume à l’aide d’un outil d’extrusion. Mais celui-ci, générant des volumes perpendiculairement aux surfaces, n’est pas adapté à la fragmentation du MNT et complique considérablement la construction de trottoirs. La meilleure approche consiste donc à créer une surface de pente moyenne qui suit le relief au mètre près. Les trottoirs peuvent ainsi facilement être extrudés. Pour le mobilier urbain et les espaces verts, il s’agit de constituer une bibliothèque d’objets 3D en gardant à l’esprit que plus ils sont détaillés, plus ils limiteront la maquette. Des arbres en 2D apportent déjà beaucoup d’informations.
La demande d’un modèle 3D simplifié du projet réalisé par l’architecte doit figurer dans le cahier des charges établi pour la signature du contrat. En effet, les logiciels de DAO de la CAP (WinCarto développé par Star Apic) ne disposent pas de module 3D, ils ne peuvent donc pas simplifier le modèle complet. De plus, la plupart des cabinets d’architectes ne respectent pas une logique de calque, modifier un tel projet devient alors une entreprise laborieuse. Je n’ai malheureusement pas pu mettre en place un tel cahier des charges par manque de temps. Cependant, les grandes lignes des exigences à formuler figurent dans mon mémoire.
Les textures sont un élément déterminant. La représentation des façades étant la plus simple possible, ce sont les textures qui confèrent tout le réalisme au modèle. D’un autre côté, ce sont également les textures qui alourdissent le plus la maquette. Dans la version finale de la place du Maréchal Leclerc, le modèle non texturé pèse 109
Ko et les textures associées 6,03 Mo. Ces caractéristiques peuvent encore être améliorées en utilisant les recommandations préconisées dans le mémoire lors des campagnes photographiques terrestres ainsi que par l’emploi de textures redondantes pour des bâtiments dont l’aspect commun n’enrichit pas la maquette. Les orthophotographies de Poitiers ne constituent pas un bon matériau pour les textures car elles ne sont pas vraies. Les toits de bâtiments ne sont pas superposés à leurs pieds, il n’est donc pas possible de les projeter (utilisation de textures de toits génériques) ni surla voirie (les toits y apparaissent).
11. PERSPECTIVES
Mon étude a donc abouti à la réalisation d’une méthode de construction de la maquette. Elle est basée sur les données actuelles du SIU et devra évoluer lorsque d’autres supports seront disponibles. Plusieurs améliorations sont possibles :
- La création d’une couche vectorielle du bâti, importée dans GeoShow3D, avec un champ d’attribut hauteur de toit (Nombre d’étages x Hauteur moyenne d’un étage) qui disparaîtra lorsque la caméra passe en dessous d’une altitude donnée pour faire apparaître l’environnement plus détaillé réalisé sur SketchUp ;
- La réalisation d’une orthophotographie vraie qui permettra de texturer, de façon plus rapide et plus réaliste, les toits et la voirie ;
- La réalisation d’un Modèle Numérique d’Elévation qui permettra d’automatiser la création des bâtiments ;
- Une campagne de photos aériennes obliques qui texturera automatiquement les façades ;
Pour l’instant, ce sera le SIU qui mettra en placela méthodologie préconisée selon les besoins des services techniques car ces derniers ne désirent pas encore développer une compétence 3D. La maquette progressera donc au fil des projets dans l’attente de l’assignation éventuelle d’une personne.