Journées de la Topographie
du 2 au 4 octobre 2006

   

MISE   EN  PRODUCTION  DU  LASER  SCANNER  GS100   AU   SEIN   DE 
L UNITE  TRAVAUX  SPECIAUX A L ’IGN

Société d’accueil : IGN
PFE présenté par : Thomas Cosnard
Directeur (directrice) du PFE : Thierry Person 
Correcteurs : Pierre Grussenmeyer et Tania Landes

 

Introduction :

Au cours de l’année 2003, l’Institut Géographique National (IGN) a acquis un laser scanner. Jusqu'à  présent,  l’appareil  a  été  utilisé  sur  de  nombreux  c hantiers  par  diverses  unités  et  laboratoires,  principalement  dans  un  contexte  de  recherche.  Ces  unités  ont  développé  différentes  techniques  d’acquisition selon les objets qu’elles ont à lever, ainsi que différents outils de traitement des données  issues de ces acquisitions.
L’unité Travaux Spéciaux (TS) a commencé à se servir de l’appareil pour réaliser des prestations à  des fins commerciales. Pour le moment, un levé de mur de soutènement à Angers a été réalisé et  d’autres prestations sont envisagées. Mon projet de fin d’étude a vu le jour en raison de la mise en  œuvre effective du laser scanner aux TS.

Objectifs :  

  • Le premier est de réaliser un inventaire aussi exhaustif que possible des travaux réalisés à
    l’IGN,   afin   d’évaluer   les   possibilités   d’utilisation   de   l’appareil.   Dans   cette   optique   de  recensement, il faut également s’intéresser aux autres applications potentielles. 
  • Le second est de rédiger pour le personnel de l’unité des notices d’utilisation du matériel et  des  traitements  associés.  Le  but  est  de  permettre  aux  agents  de  l’unité  de  préparer  une  mission, d’utiliser le laser puis de traiter les données sans difficultés
  •   Le troisième est de mettre en place des procédures pour vérifier la qualité des résultats  fournis  par  le  laser  scanner.  La  solution  envisagée  est  la  mise  en  place  d’un  polygone  de  contrôle.

1. Principes du laser scanner

Le    laser    scanner    est    un    appareil    de    topographie    récent,    ses  caractéristiques sont :

  •   L’acquisition de nuages de plusieurs milliers de points avec une  fréquence élevée (jusqu’à 4000 points par seconde).
  •   La distance est mesurée à partir du « Temps de vol » de la  pulsation du rayon laser.
  •   L’appareil enregistre aussi l’angle horizontal et l’angle vertical.  ¾  La  distance  et  les  deux  angles  permettent  d’avoir  les coordonnées  cartésiennes  des  points  dans  le  repère  interne  au  laser scanner.
  •   En plus de ces informations, l’intensité reçue par l’appareil est  enregistrée. Cette donnée permet d’obtenir l’albédo de la surface,  l’albédo  étant  le  rapport  entre  l’énergie  réfléchie  sur  l’énergie  reçue par un objet.
  •   Enfin la plupart des lasers scanners enregistrent la couleur des points, cette information est  enregistrée sous la forme : Rouge, Vert et Bleu

Les données fournies par un laser scanner sont donc constituées de sept éléments : X, Y, Z, I, R, V, B

2. Matériel

Au  cours  de  mon  projet,  j’ai  utilisé  le  laser  scanner  GS100  de  MENSI,  qui  a  les  caractéristiques  suivantes :

  • gamme de distance : de 1 à 150 m, avec une précision de 3,2 mm à 50 m.
  • gamme du débattement vertical : de -22° à 38°.
  • gamme du débattement horizontal : sur 360°.
  • une précision de 0,0018° sur les deux angles.


J’ai utilisé plusieurs outils complémentaires, fabriqués par l’IGN, pour mes travaux. Notamment :

  • Des adaptateurs pour les sphères servant au géoréférencement des stations lasers. 
    Les adaptateurs permettent de fixer les sphères  sur des repères utilisés en topographie.
    On  peut  ainsi  permuter  les  prismes  avec  les  sphères. L’écart entre la position des deux types de cibles est estimé au dixième de millimètre.
  • Une équerre permettant de réaliser une station avec l’axe vertical de
    l’appareil sur le plan horizontal. Ce qui permet d’acquérir des points à la  verticale de la station.

3. Travaux réalisés :

Lors de mon stage, j’ai eu l’occasion de participer àplusieurs travaux de levé par laser scanner : 

  • Levé d’un mur à Villeneuve-Lès-Avignon
  • Levé d’un avion à Creil
  • Levé d’une porte antique à Périgueux 

Ces travaux m’ont permis d’améliorer ma connaissance du laser scanner. Ils ont aussi servi de base  pour  réaliser  des  procédures.  De  plus,  j’ai  pu  tester  les  capacités  de  l’appareil  et  du  logiciel  d’acquisition ce qui m’a permis de recenser les limites de ces deux produits.

Modèles Numérique de terrain de la porte antique de Périgueux.

2. Les erreurs observées :

En  premier  lieu,  il  y  a  le  bruit  sur  la  mesure  de  la  distance  qui  est  important  et  variable  selon  les  surfaces. Le bruit est de :

  • 2 mm sur une surface blanche à 5 m
  • 1 cm sur une surface noire à 5 m


Ensuite, il y a l’effet de bord. Il est dû à la configuration des objets et au diamètre du faisceau laser. 
Le  faisceau,  bien  que  focalisé  sur  l’objet  levé,  conserve  un  certain  diamètre.  Or,  lorsque  le  laser  scanner lève un point sur le bord d’un objet, une partie du faisceau dépasse l’objet et va se réfléchir  sur un autre objet situé en arrière. Le laser scanner reçoit alors deux signaux ; généralement seul le  premier  signal  sert  à  calculer  la  distance.  Mais  quand  la  distance  entre  les  deux  objets  est  faible,  l’appareil  reçoit  les  signaux  au  même  instant.  La  mesure  du  pic  de  signal  est  alors  altérée  et  la  distance calculée est alors entachée d’une erreur, nuisant à l’exactitude de position de certains points  du nuage.

Enfin,  il  faut  être  conscient  del’effet  miroir .  Habituellement  les  rayons  sont  réfléchis  de  manière  diffuse. Le rayon est renvoyé dans toutes les directions, notamment celles du laser scanner. C’est ce  qui permet d’obtenir la distance. Cependant certaines surfaces réfléchissent de façon spéculaire. Le  rayon est renvoyé sur une seule direction comme pour des miroirs. Si le rayon se réfléchit de façon  diffuse  sur  une  nouvelle surface,  une  partie  du  rayonnement  reprendra  le  chemin  inverse.  Le  laser  scanner enregistrera alors la distance totale, avec les angles pris au niveau de la première surface.  Les conséquences sont :

  • La création de points faux avec un dédoublement des objets  
  • La présence d’un trou dans le nuage au niveau de la réflexion spéculaire


3. Les traitements :

La     chaîne     des     traitements     peut     être  décomposé selon le graphique ci-contre.    

  • La préparation consiste à classer et  nommer correctement  chaque élément des données. 
  • Le Géoréférencement est le calcul du  changement   de  repère   entre   le  système    du    laser    scanner    et    le système général.
  • Le nettoyage est la suppression des points ne concernant pas l’objet levé.  Cela  permet  d’éviter  que  ces  points
    n’interfèrent dans les traitements  avals.
  • La concaténation est le  regroupement  de  nuages  de  points,  provenant de différentes stations.
  • La  segmentation  est  l’opération  inverse.   On   découpe   le   nuage   en  sous   ensembles.   Cela   permet   de  créer un nuage par objets différents.
  • L’homogénéisation   permet   de réduire   la   densité   des   nuages   de  points dans les zones trop denses.
  • Le  Modèle Numérique de urface  (MNS) est réalisé par une triangulation  irrégulière  de  la  surface,  dont  les  sommets  des  triangles  sont  les  points  du  nuage. Le MNS se calcule à partir de projections  sur  des  surfaces  :  plans,  cylindres, sphères…ou par croissance de maillage.

Séquence des traitements des données

  • Les coupes sont réalisées à partir du MNS.   
  • Les orthophotos sont réalisées aussi à partir du MNS. On peut enregistrer sur le pixel une
    information sur l’intensité reçue, la couleur, l’écart avec le plan de la photo. 
  • La régression plane est le calcul d’un plan médian à partir de l’ensemble des points et des
    écarts de planéité de chacun de ces points par rapport au plan calculé. 

Régression plane d’un mur de soutènement à Angers

L’exemple  du  mur  d’Angers  montre ce que permet d’obtenir la régression plane :  

  • Le calcul  de  l’orientation  de l’ensemble  du  mur.  Le  plan  du  haut  représente  l’écart  entre  le
    plan  de  régression  et  un  plan  vertical. Les écarts vont de 0 à 250mm.  
  • Le calcul de la déformation du mur présent sur le plan du bas.  Les écarts varient à  ± 50 mm.

4. Mise en place de procédures

Pour  que  les  opérateurs  de  l’unité  TS  puissent  utiliser  facilement  le  laser  scanner  et  traiter  les  données, il fallait rédiger des procédures sur son utilisation et le traitement. Celles-ci doivent rentrer  dans le cadre de la certification ISO 9001 qu’envisage actuellement l’unité.  

La première procédure comprend : 

  • La préparation du matériel
  • L’installation du matériel
  • Les méthodes de levé

La seconde procédure comprend :

  • La préparation des fichiers  
  • Le géoréférencement des stations
  • Le nettoyage des nuages


5. Mise en place d’un contrôle

Afin de compléter la mise en production, il a fallu :

  • vérifier le laser scanner
  • vérifier le géoréférencement
  • mettre en place le suivi du laser scanner
  • tester l’équerre du laser scanner


Cette  vérification  a  été  rendue  nécessaire  par  la  mise  en  place  de  la  certification  de  l’unité  des  Travaux Spéciaux. En effet la norme ISO 9001 impose ces vérifications.
La vérification a été réalisée avec un polygone créé spécialement pour le laser scanner. Le polygone  a été levé par topométrie, puis une station effectuée au laser scanner a été relevée sur l’ensemble  des  points  du  polygone.  Les  résultats  obtenus  montrent  qu’en  position  standard la  station  est  déterminée avec une précision d’environ 2 mm, à partir de 10 points situés à moins de 40 mètres.  L’écart sur ces points est de 5 mm en planimétrie et de 7 mm en altimétrie. Pour les points situés à  plus de 40 m les écarts sont de 50 mm et 150 mm.  La précision sur la station, lorsque celle-ci est  placée sur l’équerre, est de 15mm.

Conclusion

La mise en production du laser scanner  est bien avancée. Deux procédures ont
été  réalisées :  une  pour  l’utilisation  du  laser  scanner  GS100,  afin  d’effectuer
l’acquisition  des  mesures,  l’autre  pour  leur traitement.
Enfin,   pour   valider   les   données   que  fournit  le  laser  scanner,  un  polygone
d’étalonnage    a    été    mis    en    place,  permettant  d’évaluer  l’instrument  et  les
données issues de celui-ci. 
Le  projet  a  aussi  permis  de  récapituler  l’ensemble   des   erreurs   associées   au
laser scanner. 
Le laser scanner est un nouvel outil qui  complète la gamme des instruments de
mesures   du   géomètre.   Il   peut   être  assimilé          à                  une hybridation
du  tachéomètre dans sa  technologie  et  de  la  photogrammétrie  dans  les  résultats
qu’il  fournit.  Il  préfigure  ce  que  pourrait  être,    peut    être,    la    topographie    de
demain :   une   association   intime   de  topométrie  classique  et  de  processus
photogrammétriques                                                   

  

Traitements successifs réalisés sur l’avion : nuage  géoréférencé, MNS et coupes

 

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